Tout commence par une émission radiophonique, où Marien parle de ses confidences faites à l’ethnologue Sophie Caratini et l’édition de sa propre histoire de fille d’un chasseur.
Sophie Caratani directrice au CNRS, écrivain et anthropologue, est spécialiste de la Mauritanie, comme de tout le Sahara occidental. Elle écrit sur les sujets de ses recherches .
On ne sait si Mariem, la fille du chasseur, s’exprime elle-même, mais toute la finesse de Sophie Caratini le fait croire.
Mariem Compoint, maintenant âgée de 70 ans, parle comme si c’était hier, d’une voix rieuse, toujours jeune et sans regret, sans amertume. Avec l’optimisme d’une adolescente, Mariem raconte son enfance nomade, pour arriver à l’âge précoce, de la femme.
Originaire des environs de Tichit, la Reine du désert, comme Mariem l’entend dire, parce qu’elle est si belle, se dit « reine qui a déposé sa couronne ».
Sous forme d’un récit à entendre, nous apprendrons que son père, engagé dans l’armée française comme méhariste, pouvait garder sa famille dans les campements de goumiers [1]. C’est aux environ de 1940, qu’est née Mariem, au sein de cette tribu de chasseurs, éleveurs nomades de chameliers et que Sophie Caratini connaîtra le récit de Mariem.
La coutume veut que la mère accouche dans le campement nomade de sa famille, mais l’enfant s’annonce à dos de chameau et naîtra sur une dune de sable, enroulée dans la melhafa de sa mère. Le père, qui ne peut pas toucher le bébé, n’aide en rien.
Une jeune fille maure, fille de nomades ne pourra pas prétendre à un mariage prestigieux, sinon en se présentant dans une splendeur opulente. Et les critères de beauté passaient par le gavage.
Par chance, Mariem a échappé à certaines obligations ancestrales. Son père, de la tribu Némadi [2], avait rencontré et enlevé sa mère, une Laden, à un puits, d’où l’acceptation d’un choix dans son propre mariage.
Un mariage contractuel à 9 ans et un premier enfant à 13 ans, plusieurs mariages et des divorces…
Marien vit actuellement en France, avec son mari français, avec un pied dans la culture pluri-millénaire et l’autre dans la modernité du monde actuel, toujours avec le même enthousiasme.
Je n’ai rien trouvé de mieux pour relater cette lecture qui interpelle beaucoup sur les civilisations. Très beau livre.