Azad Ziya Eren est né en 1976 à Diyarbakir, dans une famille aux origines à la fois arménienne et kurde : « Après le génocide arménien de 1915, l’État a loué les villages d’Arméniens devenus désertiques aux Kurdes de la région. Askar, le village qui appartenait à la famille maternelle de mon père, s’est ainsi peuplé de Kurdes qui constitueront l’ascendance paternelle de mon père. » Il effectue des études afin de devenir instituteur et exerce à Sakizköy, un village de la région de Diyarbakir. En 1999, il est arrêté et torturé pendant 10 jours, peu après l’arrestation du leader kurde du PKK, Abdullah Öcalan. Il ne s’est pourtant rendu coupable que d’activités littéraires. Ensuite, il se fait connaître par ses poèmes, et, en 2003, Enis Batur lui propose de publier son journal d’enseignant sous forme d’un feuilleton, dans la revue Kitap-lik.
Eren ne cherche pas à mythifier la région et sa population, bien au contraire. Il fait preuve d’emblée de lucidité quant à la solidarité et l’estime qu’il suscite. Non seulement personne ne se soucie de son confort – il ne dispose d’aucun bois de chauffage alors que l’hiver est glacial – mais son pauvre logis est cambriolé et sa radio rafistolée disparaît.
La misère est encore grande dans le village : « […] il faut une bonne dose de courage pour vivre dans l’odeur des bouses séchées, pour câliner ses enfants morveux, pour travailler ces terres arides peuplées d’affamés à la peau flétrie et aux mains énormes… ». Une famille de douze personnes dort dans une seule pièce. Certains enfants n’ont pas de chaussures mais des « chaussons de boue » qu’ils raclent en arrivant en classe. Quand Eren regarde sa classe et ses élèves, il songe à l’ouvrage de Makal : « C’est à se demander ce qui a changé en l’espace de cinquante-deux ans… ». Ce qui le désespère, c’est le manque d’intérêt des parents pour l’école qui favorise l’absentéisme : « L’école ? Bah…, se disent les adultes, ils la reprendront là où ils l’ont laissée. ». Beaucoup, sans égard pour l’avenir de leur progéniture, ne la voit qu’en gardienne de troupeau. Ainsi, l’achat de tabac passe avant l’acquisition des fournitures scolaires. Pourtant, le maître est très aimé de ses élèves du fait qu’il leur accorde une attention qu’ils n’ont jamais rencontrée. Ce qui fait que le mot « Örtmeni » [Mon Maître] devient vite « Ört-beni » [Prends-moi sous ton aile] ! Cependant, le niveau en langue turque n’est pas fameux et certains élèves sont même mutiques, quelques mots prononcés en kurde ne parvenant pas à les réveiller. Nonobstant, les vacances sont redoutées car ce sont des périodes de travaux des champs très durs.
Un livre où l’on sent le vécu du peuple kurde et son besoin de rébellion qui ne cesse, d’ailleurs. C’est le résumé que j’ai trouvé le plus approprié, d’autre avait des fins politique et ce n’est l’esprit de mon blog…
Par contre je dis encore un grand merci à l’éditeur « bleu autour » pour faire paraître ce genre d’écrit comme d’autres dans son catalogue. Je vous mets le lien et vais en relire d’anciens pour vous en parler à l’occasion ; un moyen de les dépoussiérer de façon agréable. http://www.bleu-autour.com/