

Je voulais en parler en tant que peintre le mois dernier mais à priori ses toiles sont en collections privées pour le moment donc je le présente en poésie avec ce poème encore d’actualité vu la météo.
Jules Breton est né à Courrières (§é) le 1 mai 1827 et mort à Paris le 5 juillet 1906, enterré au cimetière du Montparnasse, hélas je n’ai pas retrouvé sa tombe. Il était peintre et poète
Soir d’hiver
La neige – le pays en est tout recouvert –
Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
Et, du fond des remous, à l’horizon désert,
Par des vibrations d’azur tendre et d’or vert,
Dans l’éblouissement, la pleine lune émerge.
A l’Occident s’endort le radieux soleil,
Dans l’espace allumant les derniers feux qu’il darde
A travers les vapeurs de son divin sommeil,
Et la lune tressaille à son baiser vermeil
Et, la face rougie et ronde, le regarde.
Et la neige scintille, et sa blancheur de lis
Se teinte sous le flux enflammé qui l’arrose.
L’ombre de ses replis a des pâleurs d’iris,
Et, comme si neigeaient tous les avrils fleuris,
Sourit la plaine immense ineffablement rose.
Extrait du recueil « Les champs et la mer » 1883
La peinture représente la route en hiver en Artois

Thomas Vinau est un poète et romancier né à Toulouse et vivant dans le Lubéron. Pour ma part je ne connais que ce recueil qu’il m’arrive d’ouvrir régulièrement je vous fais profiter d’une des poésie que j’aime particulièrement et qui je pense illustre bien notre défi :
Un bout de pain
La poésie doit être partagée
sinon elle ne sert à rien
pas comme une prière
mais comme un bout de pain
pas comme un butin
mais comme une clope
qui passe de bouche en bouche
en attendant le bus
un petit lundi de la semaine
pas comme une formule secrète
mais comme une pizza
posée
entre quatre culs serrés
à l’arrière d’une voiture
à trois heures du matin
ou comme le sourire dépeigné
entre deux femmes fatiguées
perdues dans la queue du pôle emploi
la poésie tient sur ses pieds
debout
mais pas
tout à fait droit
